Eau et Changement climatique : enjeux et opportunités pour les entreprises

22 Mars 2016

Madame la Ministre,

Mesdames et Messieurs,

Chères consœurs et confrères,

 

Permettez-moi, tout d’abord de vous souhaiter la bienvenue, et de vous remercier, en mon nom propre, et au nom de notre confédération,d'être aussi nombreux à répondre à notre invitation, pour cette première conférence de l'année de la Green Growth Academy, inaugurant notre cycle dédié au climat. 

Hier, nous avons partagé avec nos entreprises membres, le programme et le plan d'action prévu par la CGEM pour la COP 22. Et, là, nous ne perdons pas de temps ! Nous voilà, dès aujourd’hui, réunis pour enclencher un processus, qui pendant plusieurs mois, nous mènera à l’élaboration des recommandations du secteur privé pour cette conférence planétaire.

Si nous entamons la première série de nos conférences de la Green Growth Academy par la thématique de l'eau c'est à dessein.

Selon le Conseil Mondial de l'eau, cette denrée est le premier vecteur par lequel le changement climatique sera ressenti. 20 % des problèmes globaux liés à l’eau résultent du changement climatique. La crise de l’eau et le changement climatique sont des réalités indissociables.

Ces évolutions créeront des contraintes fortes sur les activités utilisant l’eau, dans leur process industriels, comme source d’irrigation ou comme source hydroélectrique. Cela modifiera la structure de coûts de nombreuses activités économiques. Selon les premières estimations, l'impact sur le PIB de nombreux pays pourrait atteindre jusqu'à 2 points de croissance. 

Bien entendu, ces prévisions varient selon les pays et les régions du globe, mais en ce qui concerne le Maroc, les rapports indiquent que  nous seront très fortement affectés par la problématique de l'eau et nous le sommes déjà : 

  • Au cours des années 60, les disponibilités en eau étaient de 3000 m3 par habitant et par an ; aujourd'hui, nous en sommes à 700 à peine. 
  • Avec plus de 80 % de taux stress hydrique, le Maroc figure, parmi les 19 pays où le risque d'une pénurie d'eau est le plus élevé

Cet état des lieux, nous amènera inévitablement à des situations d'arbitrage pour fournir l'eau, comme produit de première nécessité à nos citoyens, mais également pour pourvoir notre agriculture et nos industries. 

On le réalise peu, mais l'eau est un intrant crucial nombre  d'entreprises. La consommation industrielle d’eau représente environ 20% de la consommation mondiale.  Au Maroc, par exemple, les consommations d’eau dans l’industrie sont en moyenne de 1.088 Milliards de m3 par an, mais, les rejets d’eaux usées représentent 964 Milliards de m3,  soit 90% de l’eau consommée. C’est sans doute, là,  un enjeu majeur auquel il faudra s’attaquer

De plus, il faut noter que si les industries de transformation sont les plus gourmandes en eau, la qualité requise pour l’eau industrielle dépend de l’activité : les industries agroalimentaires ont besoin d’eau potable ; les industries électronique, médicale et biotechnologique requièrent quant à elles une eau pure, donc plus chère à produire et à acheter.

Mesdames et Messieurs,

Le stress thermique, les précipitations extrêmes, les inondations, la sécheresse et la pénurie d'eau présentent des risques dans les zones urbaines tant pour les personnes, les biens, l’économie que les écosystèmes.

Dans ce cadre, l’Afrique sera affectée de manière notable par le changement climatique. Il est probable que les précipitations diminueront en Afrique du Nord et dans le sud-ouest du Continent  d’ici la fin du XXIe siècle. Sa situation socio-économique, déjà peu réjouissante, devra, en plus, supporter les impacts d’une pénurie d’eau, ou inversement d’une surabondance d’eau entraînant inondations ou destructions d’infrastructures.

L’Afrique a tout un intérêt à s’adapter aux répercussions de l’environnement avant que celles-ci ne bouleversent tout le système de production.

Le changement climatique avec sa composante liée à l'eau nous oblige à bouleverser nos manières de produire et de consommer. Tout comme pour l'efficacité énergétique, nous allons apprendre à raisonner en termes d'efficacité hydrique avec tout ce que cela suppose en termes de changement de process pour l'agriculture et l'industrie, mais également en terme de culture citoyenne.

Cela dit, au Maroc, nous ne partons pas d’une feuille blanche, bien au contraire. Grâce à la vision éclairée de sa Majesté Hassan II et la clairvoyance de Sa Majesté Mohammed VI, la politique des barrages mise en place, dès les années 60, nous a permis de réguler les apports et de surmonter les épisodes de sécheresse.

De plus le Maroc, dispose, depuis 2013, d'un Plan national de l'eau qui préconise, entre autres mesures, le dessalement de l'eau de mer, le captage des eaux de pluie et la réutilisation des  eaux usées. 

Ces mesures ne manqueront pas d'avoir un impact sur les entreprises et l’on attend d’elles qu’elles s’adaptent aux nouvelles évolutions réglementaires. Il revient à chaque entreprise d’engager sa propre stratégie et à l'Etat d'offrir les outils d'accompagnement et l'assistance technique pour un usage optimal de l’eau.  

Quelles solutions s’offrent à l’entreprise le pour consommer moins d'eau ? Que lui coûtera son adaptation à des solutions de recyclage des eaux usées ? Quels outils, quels financements, quelles mesures d’accompagnement ? 

Les questions fusent et c’est ce pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui. A enjeux importants, réponses tout aussi importantes ! Je laisse ainsi le soin à nos éminents intervenants de nous éclairer sur nos enjeux hydriques.

Je vous remercie.