L'Afrique se prépare à une transformation digitale sans précédent pour réaliser son développement durable, et devrait concerner aussi bien les États que les entreprises et les citoyens, ont souligné, jeudi à Casablanca, les participants au forum de l'innovation numérique « FUTURE.E.S IN AFRICA».
Cet événement inédit, dont Casablanca est l’hôte pendant deux jours, vise à stimuler les échanges entre les écosystèmes numériques marocains, français et africains, ont-ils fait observer lors de la cérémonie officielle de cette manifestation, organisée par Maroc Numeric Cluster (MNC) et Cap Digital Paris Région (CDPR), dans la foulée de l’accord de coopération signé en 2016 entre l’Ile de France et la région Casablanca-Settat.
S’exprimant à cette occasion, le président de la région Casablanca-Settat, Mustapha Bakkoury, a souligné que la transformation digitale revêt un intérêt capital dans la quête de développement durable. « Elle incarne l’émergence de nouvelles générations de mode de gouvernance pour fournir de meilleurs services aux citoyens », a-t-il ajouté.
Selon M. Bakkoury, la multiplication des programmes numériques, la création de nombreuses startups innovantes, démontrent « l’effervescence du digital en Afrique ».
« Les perspectives dans ce domaine s’annoncent désormais prometteurs pour l’Afrique à condition toutefois d’accompagner cette expansion à travers notamment une législation appropriée, des infrastructures adaptées, l’encouragement de la diffusion des outils numériques et de la promotion de leur utilisation auprès de la population, et l’harmonisation des différents projets publics liés au domaine des nouvelles technologies », a-t-il poursuivi.
Dans ce sens, a-t-il dit, il s’agit également de l’encouragement de l’activité entrepreneuriale dans le domaine numérique, de la formation dédiée aux acteurs dans le domaine de l’économie numérique et de la conception et la mise en œuvre des projets de l’administration.
Pour sa part, Mme Valérie Pécresse, présidente de la Région Île de France, a indiqué que « l’Afrique numérique a le vent en poupe et séduit de plus en plus ».
« De plus en plus connectée, de mieux en mieux équipée, des Smartphones au développement du e-commerce, de l’internet haut débit à l’accès en ligne au services publics, l’Afrique est profondément transformée par les innovations numériques », a-t-elle dit, estimant que « L’Afrique offre un visage de modernité qui contraste parfois avec la lente transformation de nos économies européennes » « Nous ne sommes plus à l’heure uniquement de la coopération nord-sud, du pur transfert de compétence, de la seule solidarité internationale. Le numérique rebat totalement les cartes et donne un avantage immédiat à ceux qui comprennent mieux et plus vite que les autres la nature des besoins à satisfaire », a fait remarquer Mme Pécresse.
De son côté, Saïd Amzazi, ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a fait observer que la technologie digitale a provoqué une révolution majeure dans tous les domaines notamment ceux de l’enseignement et de la formation.
Il a, à cette occasion, mis en relief les efforts déployés par le Maroc pour faire face aux défis que pose désormais la transformation numérique ainsi que les grands projets lancés en la matière dans le domaine de l’enseignement.
M. Amzazi a, à cet égard, mis en exergue la politique de son département visant à l’intégration de la technologie dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, rappelant une série d'actions réalisées dans ce cadre notamment le renforcement du réseau informatique «Marwan», et le programme «Injaz», qui a permis à des milliers d’étudiants non-fonctionnaires d'avoir accès notamment à la science dans le cadre des cours dispensés par internet.
M. Othman El Ferdaous, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l'Industrie, de l'investissement, du Commerce et de l'Economie Numérique, chargé de l'Investissement, a, de son côté, appelé à la mise en place d’une ambitieuse politique dans le domaine digital afin de faire face aux défis, de tous genres, qui se profilent aux cours des prochaines décennies.
La mise en place de l’infrastructure digitale, est un chantier nécessaire pour réussir la transformation digitale du Maroc où seulement 6pc des entreprises sont connectées, a-t-il noté.
Après avoir indiqué que le digital représente une solution idéal pour résoudre le problème de la productivité des entreprises, M. El Ferdaous a mis en relief l’intérêt que revêt le lancement d’un programme de formation national dans le digital couvrant la formation supérieure, professionnelle et la formation continue, plaidant par ailleurs à « s’occuper davantage de l’écosystème des startups » Pour la présidente de la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Mme Miriem Bensalah-Chaqroun, « aujourd’hui, ce qui lie notre continent, notre capital humain et notre capacité à sortir des sentiers battus pour créer de la valeur ajoutée est le digital ».
Le digital est à la fois une appréhension qui fait craindre au monde une perte de 42% des emplois à court terme et en même temps il constitue une formidable occasion de gagner en productivité ou encore faciliter l’accès des jeunes à l’entrepreneuriat, a-t-elle dit.
Elle a cité trois défis à relever dans ce domaine à savoir « la transformation numérique de nos modèles économique », « la création des relais de croissance et d’emploi à travers le numérique » et la nécessité de « prérequis pour la transformation digitale : formation/éducation et R&D ».
Mme Bensalah-chaqroun a, en outre, plaidé pour une « université forte », capable d’accompagner l’entreprise pour affronter ces mutations et relever le pari de la nouvelle économie.
FUTUR .E.S se veut un événement destiné à rapprocher les écosystèmes français et africains et à soutenir l’innovation digitale. Il accueille 30 startups de l’Afrique francophone et anglophone, du Maroc et de la France, qui présenteront des projets novateurs dans les domaines de l’éducation, la santé et les territoires.
Les participants à cet événement pourront assister en direct aux démos prévues à cette occasion et tester les dernières solutions numériques développées en Afrique et en France.
En plus, des rencontres BtoB, le programme de cette manifestation à laquelle participent un millier de personnes, dont des diplomates, des universitaires, des étudiants et des représentants d’entreprises de différents pays, en majorité africains, prévoit également une cérémonie de remise de prix pour les startups sélectionnées.