Dans un discours lu par la Princesse Lalla Hasnaa à New York, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a demandé aux pays signataires de l’accord de Paris sur le climat d’œuvrer collectivement, au cours de la COP22 prévue à Marrakech, à la bonne application de toutes les dispositions. Le Souverain a ainsi exhorté les pays à faire des engagements pris à Paris des objectifs précis et projets concrets. Il a par ailleurs réaffirmé la disposition du Maroc à nouer des partenariats innovants pour partager son expérience en la matière, notamment avec les pays africains et du Moyen-Orient.
Une prise de conscience généralisée
Ce discours exprime la prise de conscience au pus haut niveau du pays des problèmes environnementaux. Il y a lieu de tenir compte de l’augmentation démographique de la planète qui, en 2050, devrait compter 9,3 milliards d’habitants dont 80% seront concentrés dans les villes.
En effet, nous commençons à entrevoir deux limites écologiques et théoriques au modèle de la croissance perpétuelle décrite par l’économie classique.
La première tient à ce que l’économie de l’environnement n’explicite pas assez ses fondements éthiques, tels que la valeur accordée dans les taux d’actualisation au bien-être des générations futures.
La deuxième limite tient au fait que l’approche classique ne traite pas de manière satisfaisante l’incertitude écologique, l’irréversibilité, la perte de la biodiversité et les ressources naturelles comme facteur limitatif.
De ce fait, l’environnement change la nature même de l’économie. Aujourd’hui, nous devons définir l’économie comme l’étude conjointe des systèmes naturels et des systèmes humains. Cette nouvelle discipline doit s’intéresser à l’évolution harmonieuse de la société et de la nature, à l’équité intergénérationnelle, à la valorisation des écosystèmes et au suivi des indicateurs de durabilité.
Vers une économie verte
L’objectif du développement durable, soucieux de la préservation de l’environnement et des ressources naturelles est donc non seulement de répondre aux attentes actuelles du marché et des clients, mais aussi d’anticiper les besoins futurs.
Ce passage à l’économie verte, à l’économie bas carbone va engager une mutation des modèles économiques de nos entreprises, fondés encore sur des schémas de gaspillage des facteurs de production, humains, financiers et environnementaux. Ce qu’on imaginait faire sur une période de trente à cinquante ans va devoir arriver dans les dix à vingt ans, avec pour conséquence la nécessité d’intégrer les enjeux de long terme sociétaux dans la prise de décision. Les investisseurs sont les premiers à ouvrir la voie en diminuant leur risque carbone à grande vitesse, séparant d’ores et déjà les « business du passé » des « business de l’avenir ». La première conséquence est d’accroître la volatilité, la prise de risque et l’insécurité des situations en place. L’autre conséquence est de rendre indispensable une transition qui passe par le numérique et les technologies douces et bouscule les entreprises héritées de la révolution industrielle, empêtrées dans des stratégies de volume.
Comme dans toute dynamique schumpétérienne, ces ruptures entraîneront des transformations structurelles. Mais ne faudra-t-il pas inventer des cadres contractuels qui réunissent les parties intéressées – entreprises, ONG, associations, collectivités, Etat – autour d’une voie constructive ?
Ce modèle économique obéit aux règles, aux principes et aux critères du développement soutenable. Les autres modèles économiques peuvent parfois être qualifiés de gris ou noirs ; conduisant aux pollutions, au gaspillage et/ou à l'épuisement des ressources non renouvelables, et à la destruction de l'environnement, ou rouges dans le cas ou l'on tire profit de la vente des armes par exemple.
Avant tout l'économie verte est liée au respect de la nature et cherche à maintenir le capital naturel en équilibre (c'est-à-dire à ne pas consommer plus de ressource que ce que les écosystèmes, la Terre et le soleil peuvent fournir), tout en maintenant les services écosystémiques équitablement disponibles pour tous et pour les générations futures. Au sein de l'économie verte, les éco-activités s'attachent donc directement à la restauration ou à la protection de l'environnement et la préservation des ressources naturelles et humaines, surtout quand elles sont pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables. Elles cherchent à réduire l'empreinte écologique des produits ou services qu'elles proposent. Cela peut par exemple concerner les secteurs de la gestion des déchets et de l'eau, de la qualité de l'air, de l'efficacité énergétique, de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou des énergies renouvelables.
L’économie verte peut donc se définir comme les activités des entreprises qui participent à la réduction des émissions de CO². Ces entreprises directement ou indirectement travaillent à la protection de l’environnement.
Innovation et développement durable
Dans le cadre de l’économie verte, la recherche de la performance environnementale est primordiale pour les entreprises, leur objectif étant de réduire l’impact environnemental des activités humaines et de trouver des solutions innovantes pour préserver les ressources de la planète. Pour y parvenir, elles ont recours à l’innovation qu’elle soit interne ou externe (Open Innovation) ;
La performance environnementale se définit comme “les résultats mesurables du système de management environnemental d’un organisme, en relation avec la maîtrise de ses aspects environnementaux sur la base de sa politique environnementale, de ses objectifs et cibles environnementaux”. Selon l’Association Française de Normalisation (AFNOR), elle inclut la lutte contre le changement climatique et la protection de l’atmosphère, la préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources ainsi que la promotion de modes de production et de consommation responsables.
En permettant aux entreprises de proposer des offres plus respectueuses de l’environnement et, de facto, d’œuvrer en faveur de la planète, l’innovation se met au service de la performance environnementale et du développement durable.
Cette démarche s’inscrit dans la prise de conscience collective du caractère limité des ressources mondiales. Avec l’innovation naissent de nouveaux process comme ceux qui permettent de tendre vers une économie circulaire, un nouveau modèle de croissance qui minimise les déchets.
L’entreprise dispose de deux modes d’innovation. Pour l’’innovation interne, l’entreprise s’appuie sur un réseau d’experts et de chercheurs. L’union de leurs compétences et leur travail en synergie assurent la production d’une offre environnementale performante adaptée au marché actuel.
Pour l’innovation externe ou Open Innovation ou innovation partagée, l’entreprise collabore avec un écosystème de partenaires (universités, pôles de compétitivités, centres de recherche, start-up, industriels…).
Le développement durable est source d'innovations aussi bien technologiques qu'organisationnelles. Il existe quatre situations permettant de faire le lien entre innovation et développement durable : l'approche « produits », l'approche « cycle de vie », l'approche « gestion des performances durables » et enfin l'approche « management responsable ». Pour chacune de ces situations, il existe des méthodes et outils pour faciliter l'intégration des enjeux du développement durable dans le processus d'innovation. Certaines entreprises se sont déjà lancées dans ces nouvelles formes d'innovations (éco-conception, écologie industrielle, économie fonctionnelle, économie collaborative...).
Cette démarche repose sur des leviers de progrès pour accompagner les entreprises qui désirent aller vers un management responsable de l'innovation. Ces leviers, source d'innovation organisationnelle, sont au nombre de quatre : la formation aux outils du développement durable, l'ouverture de l'entreprise à ses parties prenantes, le management partagé des ressources, une évaluation dynamique et intègre des impacts des projets innovants.