SM le Roi prononce un discours à l’occasion de la cérémonie d’ouverture à Abidjan du forum maroco-ivoirien

24 Février 2014
Voici le texte intégral du discours royal: 
 "Monsieur le Premier Ministre, 
 Excellences, 
 Mesdames et Messieurs, 
C’est avec un plaisir renouvelé que Je retourne en Côte d’Ivoire, 
un an, presque jour pour jour, après Ma visite d’Etat de l’année 
dernière. 
Ce laps de temps, aussi court soit-il, permet déjà de mesurer 
l’évolution importante que connait la Côte d’Ivoire, dans tous les 
domaines, grâce à l’action clairvoyante et déterminée du 
Président Ouattara et à l’engagement citoyen de l’ensemble des 
forces vives de ce pays. 
C’est aussi avec une sollicitude toute particulière que Je 
M’adresse aux travaux du Forum économique maroco-ivoirien, qui 
constitue l’expression de Notre détermination à renforcer les 
relations entre nos deux pays, en imprimant une nouvelle 
dynamique à leur coopération économique.  2/7 
L’organisation, en Côte d’Ivoire, d’un tel Forum -pour la première 
fois en dehors du Royaume et sur une terre africaine - n’est pas le 
fruit du hasard. 
C’est, d’abord, le reflet de la qualité des relations entre nos deux 
pays, et l’expression de l’importance des liens politiques et 
économiques entre le Royaume et les pays de l’Afrique centrale 
et de l’Ouest. 
Ce choix est, aussi, une reconnaissance de l’importance de 
l’économie ivoirienne, et notre confiance en son avenir. 
Ce n’est pas sans raison que votre pays abrite l’une des bases 
industrielles les plus actives de la région, et l’une des plateformes 
de commerce les plus dynamiques. 
Désormais, à l’heure où les péripéties politiques font partie du 
passé, l’unité retrouvée et la paix rétablie sont, assurément, la 
grande force de la Côte d’Ivoire. Son passé économique florissant 
est un véritable avantage comparatif. 
 
 Monsieur le Premier Ministre, 
 Excellences, 
 Mesdames et Messieurs, 
Le Maroc, comme la Côte d’Ivoire, assume pleinement sa 
vocation africaine, celle qui a toujours été la sienne, tout au long 
de son histoire. 
Aujourd’hui comme hier, les relations diplomatiques sont au cœur 
de nos interactions. Mais, à la faveur des mutations profondes que 
connaît le monde, leurs mécanismes, leur portée ainsi que leur  3/7 
place même dans l’architecture des relations internationales, sont 
appelés à s’adapter aux nouvelles réalités. 
Ainsi, auparavant la diplomatie était au service de la 
consolidation des relations politiques. Aujourd’hui, c’est la 
dimension économique qui prime et constitue l’un des 
fondamentaux des relations diplomatiques. 
La coopération, hier basée sur la relation de confiance et les liens 
historiques, est, aujourd’hui, de plus en plus fondée sur l’efficacité, 
la performance et la crédibilité. 
L’efficacité donne toujours ses fruits. Elle est le gage de résultats 
tangibles, de progrès mesurables et de capacité à répondre aux 
attentes. Elle garantit la qualité et génère la confiance. 
La crédibilité veut que les richesses de notre Continent 
bénéficient, en premier lieu, aux peuples africains. Cela suppose 
que la coopération Sud/Sud soit au cœur de leurs partenariats 
économiques. 
Dans son ouverture, l’Afrique continuera à développer ses 
relations fructueuses avec les pays avec lesquels elle a le plus de 
relations historiques profondes et le plus d’affinités. Mais, bien qu’ils 
constituent des atouts certains, ces liens, à eux seuls, ne suffisent 
plus. 
Ils demandent, désormais, à être accompagnés par une action 
crédible et un engagement constant. Il n’y a plus de terrain 
acquis, pas plus qu’il n’y a de chasse gardée. Ce serait une illusion 
de croire le contraire. 
Ce serait, également, une illusion de croire qu’il y a des petits et 
des grands projets.  4/7 
Tous les projets se valent, tant qu’ils sont pertinents et qu’ils se 
destinent au service du citoyen. 
 A l’évidence, il y a des projets d’importance nationale. Le Maroc 
est bien placé pour le mesurer, car nos propres projets 
d’infrastructure sont entièrement réalisés sur la base de l’expertise 
marocaine, depuis la conception, jusqu’à la réalisation et la mise 
en œuvre, qu’il s’agisse par exemple d’autoroutes, 
d’électrification, de barrages, de ports ou d’aéroports 
Mais, Il y a aussi des projets qui, bien qu’étant de moindre 
envergure, revêtent une importance particulière. Car ils touchent 
directement les citoyens et visent à améliorer leurs conditions de 
vie quotidienne. C’est le cas du village de pêche que Nous 
lançons ici en Côte d’Ivoire. 
De tels projets participent à la création d’emplois et à l’essor des 
PME-PMI, qui représentent la véritable locomotive de 
développement du continent et la principale source de travail 
pour sa jeunesse. 
 "Monsieur le Premier Ministre, 
 Excellences, 
 Mesdames et Messieurs, 
L’Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses 
ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce 
n’est plus un Continent colonisé. C’est pourquoi l’Afrique doit faire 
confiance à l’Afrique. 
Elle a moins besoin d’assistance, et requiert davantage de 
partenariats mutuellement bénéfiques. Plus qu’une aide  5/7 
humanitaire, c’est de projets de développement humain et social, 
dont notre Continent a le plus besoin. 
L’Afrique ne doit pas rester otage de son passé, ni de ses 
problèmes politiques, économiques et sociaux actuels. Elle doit 
regarder son avenir avec détermination et optimisme, en 
exploitant tous ses atouts et ses potentialités. 
 Si le siècle dernier a été celui de l’indépendance des Etats 
africains, le 21ème siècle devrait être celui de la victoire des 
peuples contre les affres du sous-développement, de la pauvreté 
et de l’exclusion. 
 "Monsieur le Premier Ministre, 
 Excellences, 
 Mesdames et Messieurs, 
Une Afrique dynamique et développée n’est pas un simple rêve 
pour demain, cela peut être une réalité d’aujourd’hui, mais à la 
condition d’agir. 
C’est, donc, le temps de le faire ou de l’entreprendre. 
L’importance de l’action c’est qu’elle donne la crédibilité au 
travail politique et permet de réaliser les objectifs escomptés. 
L’Afrique doit, en effet, faire face à de nombreux défis qui 
menacent sa stabilité politique et entravent son essor socio-
économique. 
Or, ces défis ne peuvent être relevés que par la coopération, la 
solidarité entre les peuples africains et le respect de la 
souveraineté et de l’intégrité territoriale des Etats. 
L’Afrique a donc vocation à bénéficier de toutes les potentialités 
dont elle regorge, sans pour autant vivre en autarcie.  6/7 
Elle doit multiplier les partenariats bénéfiques avec les nombreux 
pays développés qui marquent un intérêt constant, un 
engagement sincère et une implication substantielle en faveur de 
son progrès économique et de son développement humain. 
Elle doit bénéficier également des opportunités qu’offre la 
coopération triangulaire, en tant qu’outil novateur, facilitant la 
conjugaison des efforts et l’optimisation des moyens. 
A cet égard, le Maroc, qui a été pionnier dans ce schéma de 
coopération, est disposé à mettre au service des pays africains 
frères le capital de crédibilité et de confiance dont il jouit auprès 
de ses partenaires. 
 Il est, en effet, de notre devoir collectif de faire en sorte que la 
mondialisation devienne une force positive pour le 
développement de l'Afrique. Le développement économique, le 
commerce et l'intégration régionale sont, à cet égard, parmi les 
thématiques centrales. 
 
 "Monsieur le Premier Ministre, 
 Excellences, 
 Mesdames et Messieurs, 
 
Le développement durable du Continent africain exige que la 
créativité et le dynamisme du secteur privé se concentrent sur des 
domaines porteurs, comme l’agriculture, l’industrie, la science et 
la technologie, et le développement des infrastructures. 
Cela reste tributaire de la libération des potentialités et du 
renforcement de l’initiative privée, ce qui présuppose l’existence  7/7 
d’un secteur public efficace, porteur et compétent. La 
démultiplication des partenariats public privé sud-sud et des 
transferts de technologie, revêt une importance clé dans ce sens. 
C’est dire que le renforcement des capacités institutionnelles des 
Etats africains, constitue un enjeu stratégique. La meilleure 
gouvernance, le progrès par le droit et la résolution pacifique des 
conflits, doivent être des priorités partagées. 
Grâce aux progrès du secteur bancaire, à l’urbanisation des 
populations, et à la hausse continue de la productivité du 
travailleur africain, l’Afrique voit chaque jour s’ouvrir à elle de 
nouvelles voies pour atteindre la prospérité des générations 
futures. 
Elle y aura d’autant mieux accès, lorsqu’elle parviendra à 
triompher de l’Afro-pessimisme, grâce à la libération des 
potentiels, intellectuels et physiques, des forces vives de tous les 
peuples africains. 
J’invite chacun de vous à imaginer ce que serait, alors, notre 
continent africain, libéré de ses pesanteurs. 
En souhaitant plein succès aux travaux de ce Forum économique, 
je fais pleinement confiance à votre pragmatisme et votre 
créativité, pour déboucher sur des résultats concrets, au bénéfice 
du développement de nos deux pays frères et de leurs régions 
respectives. 
 
 Wassalamou alaikoum warahmatoullahi taala wabarakatouh".