Monsieur le Ministre, Président du comité COP22
Madame la Ministre, Championne pour le Climat,
Monsieur le Haut-Commissaire, commissaire de la COP22
Monsieur le Wali de la Région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër,
Monsieur le Président de la Région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër
Monsieur le Président du Conseil Municipal de Rabat
Monsieur le Président de la COVAD
Mesdames et Messieurs.
Au nom de la CGEM et de la COVAD, organisateurs de ce Sommet International pour la Valorisation des Déchets et le Climat, je vous remercie d’être présents à ce sommet, qui s’inscrit dans le cadre du programme de la CGEM pour la COP22.
Je voudrais également, au nom du secteur privé Marocain, remercier nos orateurs étrangers, qui ont fait le déplacement pour partager avec nous leur expertise et nous parler de leur expérience.
Il est, en effet, des secteurs où le lien avec les changements climatiques est nettement identifiable et identifié. Il en est d’autres pour lesquels cette évidence l’est moins. Le secteur des déchets en est un exemple édifiant : Paradoxalement, cet écosystème est peu visible dans les inventaires d’émissions de gaz à effet de serre.
OR, Chaque jour, l'activité humaine produit environ 10 millions de tonnes de déchets (hors agriculture et construction) ce qui équivaut à une production mondiale d'environ 4 milliards de tonnes par an. (Selon les estimations de la banque mondiale).
Plus inquiétant, 80 % des déchets solides sont enfouis ou brûlés, générant des émissions directes de gaz à effet de serre (GES). Encore aujourd’hui, seuls 19% sont triés et recyclés, et à peine 3% subissent un traitement biologique (compostage ou méthanisation).
Les déchets sont responsables de 3 à 5 % des émissions mondiales humaines de gaz à effet de serre (GES). Ce pourcentage est équivalent au total des émissions actuelles du secteur de l'aviation civile et du transport de fret.
L’impact des déchets sur le changement climatique est donc l’une des problématiques à adresser, si l’on veut atteindre nos objectifs climatiques.
Et c’est aujourd’hui et maintenant qu’il faut agir !
Agir aujourd’hui et maintenant, car demain ce sera trop difficile et trop coûteux : la démographie et les changements de modes de consommation vont générer une croissance exponentielle des déchets.
En Afrique, par exemple, la population doublera d’ici 2050 et l’on risque de connaître une prolifération de décharges sauvages, faute de systèmes efficaces de collecte et de recyclage des déchets.
Le Maroc n’est pas en reste : les 7 millions de tonnes de déchets que nous produisons et qui augmentent à un rythme de 3,5% par an génèrent 7,5% des émissions de GES du pays.
S’il est utopique de chercher à supprimer définitivement les déchets, qui sont la résultante de l’activité et de la consommation humaines, il n’en reste pas moins qu’il est de notre rôle de chercher à atténuer leurs effets à travers deux axes majeurs :
- Réduire la production de ces déchets en consommant mieux et moins;
- Changer de paradigme en considérant les déchets comme des sous-produits, et même des produits, susceptibles de générer soit des intrants, soit de l’énergie.
Et le potentiel existe ! Le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat) chiffre à 670 Millions de tonnes équivalent CO2, les possibles réductions d’émission de GES au niveau mondial, pour le seul secteur des déchets ménagers, soit près de 2 % des émissions globales de 2012.
Pour y arriver, des mesures et actions ont été entreprises de par le monde. Et si nous sommes réunis aujourd’hui et avons choisi d’aborder cette thématique, c’est à dessein : une gestion intelligente de nos déchets nous permettra à la fois de diminuer leur empreinte climatique et de consommer moins de ressources.
Depuis plusieurs années, les efforts se sont essentiellement concentrés sur le traitement des déchets, comme le compostage, la méthanisation, et l’incinération. Des solutions qui se sont avérées être peu efficientes, étant elle-même génératrices de GES.
Une attention particulière est actuellement accordée à la valorisation et au recyclage et elle prendra plus d’importance au cours des années à venir, au vu du potentiel important et des bénéfices environnementaux et économiques que ceux-ci recèlent.
Dans les pays riches, par exemple la production de déchets tend à ralentir considérablement du fait de la réutilisation de ces produits comme intrants comportant une valeur ajoutée réelle.
La valorisation des déchets est devenue ainsi un secteur porteur de l’économie favorisant à la fois, la création d’emplois à travers l’émergence de nouveaux métiers « verts », et le développement d’une économie à bas carbone en faisant appel à des ressources alternatives et en diminuant ainsi la pression sur les ressources naturelles.
Il s’agit, là, d’une approche de consommation et de production durable qui permet ce découplage tant recherché entre croissance économique et dégradation de l’environnement.
Mesdames et messieurs,
Au Maroc, le taux de recyclage actuel des déchets ménagers est de l’ordre de 7% seulement alors que ces derniers recèlent un gisement conséquent de matières recyclables. Nous saluons en ce sens, l’ambition portée par le Ministère de l’Environnement d’atteindre un taux de recyclage de 20% à l’horizon 2020. Pour atteindre cet objectif auquel le secteur privé souscrit pleinement, nous avons besoin :
- D’une gouvernance partagée entre le secteur public et privé ;
- D’une concertation permanente avec toutes les filières produisant les déchets ;
- D’une taxation équitable, englobant TOUS les déchets, répondant au principe du pollueur-payeur et applicable aussi bien aux importations qu’aux produits locaux ;
- De financements pour dynamiser les ressorts de cette économie naissante ;
- D’une adhésion de tous les acteurs : Gouvernement, entreprises, organisations professionnelles, mais aussi les Régions ;
- (Et enfin) d’une valorisation de notre-savoir faire sur le terrain : aujourd’hui 7.000 personnes travaillent de manière informelle à la récupération des « déchets utiles ». Ces travailleurs de l’ombre ont besoin d’un cadre réglementaire clair et d’un travail digne et reconnu.
L’enjeu est majeur quand on sait que les filières de recyclage et valorisation pourront générer près de 70.000 emplois sur une période de cinq ans.
Au sein de la CGEM, nous agissons depuis plusieurs années, à travers notre Commission énergie, climat et économie verte, afin d’encourager et d’accompagner nos entreprises pour mieux gérer leurs déchets.
Ainsi, nous avons :
- Organisé des rencontres de sensibilisation ;
- Publié des guides sur la valorisation des déchets industriels ;
- Mis en place, conjointement avec le centre marocain de production propre (CMPP), une bourse des déchets industriels ;
- Créé, en partenariat avec les acteurs publics, dont le Ministère de l’Environnement, la coalition de valorisation des déchets (COVAD).
Et notre action n’est pas limitative !
Notre charte de responsabilité sociale des entreprises, dans son volet consacré à l’environnement couvre les préoccupations, liées à la fois à la gestion rationnelle des ressources, à la fin de vie des produits mais aussi aux impacts des activités de l’entreprise sur le climat.
Mesdames et Messieurs,
Nous devons créer, tous ensemble, les conditions d’une croissance durable, économe en ressource naturelles et socialement inclusive. Le secteur des déchets doit faire partie de cette dynamique : nous devons « verdir » nos déchets (parce qu’ils le valent bien), parce que nous avons tous à y gagner !
Au cours de cette journée, nous parlerons du rôle des territoires dans la problématique de la gestion des déchets, de l’inclusion sociale, de l’économie circulaire, des stratégies publiques et des initiatives du secteur privé. Des thématiques importantes, et un panel d’intervenants de haut niveau pour des recommandations qui -je n’en doute point- seront à la hauteur des espérances.
Je vous souhaite de bons travaux et vous remercie pour votre attention !