Madame La Présidente,

Messieurs les Ministres,

Excellence Monsieur l’Ambassadeur,

Chers Confrères,

Mesdames, Messieurs,

 

C’est pour moi un réel moment d’émotion que de me trouver ici en terre tunisienne.

Une émotion particulière, 3 ans après le Printemps arabe, né ici en Tunisie et qui a bouleversé la configuration d’une partie du monde Arabe et des relations internationales. Un printemps où une  nouvelle vision de l’avenir s’est imposée,par l’aspiration à la démocratie, à l’intégration sociale, à l’élévation intellectuelle, au développement scientifique, technologique et surtout au développement économique.

Cette première rencontre économique Tunisie-Maroc,revêt une signification encore plus forte parce que nos familles économiques se réunissent aujourd’hui à l’initiative de deux patronats qui ne sont plus exclusivement présidés par des hommes.

Sans vouloir m’attarder sur le sujet, permettez-moi de souligner quelle belle illustration cela représente de la capacité de nos sociétés respectives à faire avancer les idées, à défendre les valeurs du progrès, de la parité et des droits de l’homme.

Il est de mon devoir, en cette occasion, de rendre hommage aux femmes tunisiennes qui ont toujours été érigées en exemple pour leur mobilisation, leur militantisme et leur détermination dans le monde Arabe.

Je salue surtout TOUTES les forces vives de la nation tunisienne qui ont su faire avancer la démocratie en Tunisie et dans notre région du monde, pour plus de dignité, de justice sociale et de liberté.

En cela je tiens à rendre hommage devant vous, aux dirigeants de l’UTICA, et à leur tête à Mme WidadBouchamaoui mais également aux partenaires sociaux qui ont été des acteurs incontournables dans la transition démocratique et de la reconstruction économique.L’histoire le retiendra, en dépit des soubresauts politiques, l’économie tunisienne, a su rebondir rapidement et votre pays a retrouvé les chemins de la croissance.

Le  Maroc et la Tunisie ont longtemps été les bons élèves de la Région. La Tunisie etle Maroc du 20ème siècle ont démontré leur capacité à inscrire le libéralisme comme moteur de l’économie, la stabilité des prix via leurs Caisses de Compensation, leur code des investissements, leur tourisme dynamique etc….

Mais les choses ont changé, tout comme les règles du jeu.

Fin 2011, l’économie tunisienne était au fond de l'abîme avec une croissance à – 2 %.  Le 21ème siècle démarre donc par une transition nécessaire, et s’annonce plus complexe.

La croissance tunisienne est redevenue positive en 2013 avec + 2,6 % puis des estimations de croissance de 3,8% en 2014, et de 6% en 2017 selon le FMI !

Le tissu économique a su résister, la Tunisie revient aux affaires,soutenue par la coopération internationale, mais comme pour toutes les économies mondiales les difficultés s’accumulent, la concurrence se corse, la compensation n’est plus une solution, la compétitivité et la productivité sont des objectifs incontournables.

Et l’enjeu aujourd’hui plus que jamais, est que les économies doivent démontrer leur capacité à inclure l’ensemble des populations.

Au Maroc et en Tunisie nous pâtissons de problèmes similaires : déficit budgétaire et commercial, courbe du chômage qui repart à la hausse et décélération de la production industrielle.

Et n’ayons pas peur des mots : nous ne profitons pas assez des synergies possibles entre nos deux pays. Le Maroc est le 36e fournisseur de la Tunisie et son 12e client. La Tunisie est le 35e client du Maroc et son 31e fournisseur.

Au Maroc, sous la conduite éclairée deS.M Le Roi Mohammed VI –Que Dieu L’assiste-l’économique ainsi que la coopération Sud-Sud ont été placés au cœur des politiques publiques. La visite de  notre Souverain dans votre pays et la forte délégation de membres du gouvernement et d’hommes d’affaires marocains ici présents en sont une parfaite illustration.

Mesdames, Messieurs, Chers Amis

Il nous appartient aujourd’hui non seulement d’apporter les bonnes réponses à des questions connues, mais également d’y mettre le bon tempo. Que nous manque-t-il pour retrouver les chemins de la croissance et de l’emploi ? Où sont les bonnes clés pour ouvrir les bonnes portes ?

La première réponse est de travailler ensemble sur l’interdépendance économique entre nos deux pays. Et pour cela, des notions telles que les licences d’importations, les quotas ou les barrières non tarifaires doivent disparaître et nous devons tous faire preuve de solidarité et non plus d’égoïsme inopérant. Nos échanges, notamment en matière de produits agroalimentaires, agricoles et industriels doivent s’intensifier. La complémentarité existe dans les structures de nos économies, elle doit s’inscrire désormais dans nos mentalités.

La deuxième réponse est de transformer notre concurrence en atout commercial commun pour élargir l’horizon de notre commerce. Autrement dit proposer une offre conjointe, co-investir dans des marchés porteurs pour nos économies. La Tunisie peut, en ce sens, servir de plateforme vers la Lybie et l’Egypte. Le Maroc peut être un point d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest, où nos banques, assurances, entreprises du BTP, de l’immobilier et de génie civil ont déjà pris pied et où les gisements de croissance sont autrement plus importants. L’Europe reste le marché stratégique classique pour nos produits, mais notre croissance future viendra également de notre capacité à créer une valeur ajoutée nouvelleà travers d’autres horizons plutôt que de nous entêter à vendre des minutes de main d’œuvre, des oranges et des olives non transformées et de simples journées ensoleillées.

Enfin, la troisième réponse à apporter, ensemble, est celle de la ré-industrialisation comme socle de la solidité économique. 

Nous avons opté pour l’ouverture économique et le libéralisme comme choix de sociétés, nous avons signé des accords de libre-échanges avec plusieurs pays et, chemin faisant, nous sommes devenus des sociétés de consommation où la dette finance les achats de produits finis de consommation au détriment de l’investissement productif.

 

Mesdames, Messieurs,

Il y a moins de trente entreprises marocaines en Tunisie et le nombre d’entreprises tunisiennes établies au Maroc ne dépasse pas la centaine.

Il est temps de faire évoluer nos modèles. Commençons donc d’abord par aller les uns vers les autres.

Le progrès commence d’abord par un petit pas réaliste, et comme disait le grand Habib Bourguiba : « Etre réaliste, c’est préférer une réforme modeste, qui en permet une autre, à un miracle impossible ».

Et je vous remercie.

 

Miriem Bensalah-Chaqroun

Présidente de la CGEM

Télécharger le discours de la présidente au forum économique maroc-tunisie

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