Monsieur le Chef du Gouvernement,

Monsieur le Ministre de l’emploi,

Excellence, Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,

Monsieur le Directeur régional du BIT

Madame la Secrétaire Générale de Business Africa,

Messieurs les Secrétaires Généraux des syndicats des travailleurs marocains,

Mesdames, Messieurs les représentants des organisations des employeurs et travailleurs africains,

Mesdames, Messieurs

 

Tout d’abord permettez-moi de vous exprimer mes remerciements pour cet honneur fait à la CGEM d’accueillir la première édition du Sommet des Partenaires Sociaux pour l’Emploi en Afrique. Un grand moment que j’ai le plaisir de partager avec vous et une occasion de réunir des spécialistes autour d’une thématique qui nous préoccupe tous : celle de l’emploi

Car, à l’heure où le continent africain jouit d’une exceptionnelle richesse humaine, avec 63% de sa population qui a moins de 25 ans, les chiffre du chômage en Afrique restent alarmants. En 2013, le taux de chômage en Afrique subsaharienne a été estimé par la BAD a environ 6 %. Ce taux peut ne pas sembler très élevé par rapport à la moyenne mondiale d’environ 5 %. Mais dans la plupart des pays africains, le chômage des jeunes est au moins deux fois supérieur à celui des adultes et celui des diplômés est très élevé.

Cela sachant que, les statistiques du chômage en Afrique ne tiennent généralement pas compte des emplois précaires, du sous-emploi dans le secteur informel et de l’emploi non rémunéré.

Le fait est que chaque mois, 1 million de jeunes arrivent sur les marchés du travail africains et c’est cette catégorie de la population, pourtant relativement plus éduquée, qui trouve difficilement du travail.

Paradoxalement, l’Afrique est le 2e foyer de croissance après l’Asie, et sur les 10 pays qui connaîtront la plus forte croissance en 2015, 5 sont africains. D’où la question : Est-ce que la croissance économique africaine est capable de générer suffisamment d’emplois structurés et stables pour absorber les flux des nouveaux entrants dans le marché du travail ?

La réponse est malheureusement non, et elle tient à la fois à des facteurs endogènes, liés à la nature de cette croissance et de facteurs exogènes en rapport avec le capital humain lui-même ou encore les règles du marché du travail.  

L’emploi en Afrique souffre de divers maux. La croissance économique reste soutenue par des marchés d’infrastructures qui offrent du travail à durée limitée. Elle repose également sur l’exploitation des ressources naturelles et l’agriculture qui devient plus capitalistique qu’avant. La croissance en Afrique ne crée pas suffisamment d’emplois décents et durables.

Par ailleurs, les systèmes de formation/éducation restent focalisés sur des filières non adaptées aux besoins du marché ou ne formant pas suffisamment de cadres et agents intermédiaires. Or l’Afrique a autant besoin d’ingénieurs que de techniciens capables d’être la cheville ouvrière de son tissu économique.

Enfin, l’Afrique n’a pas osé mettre en place un véritable cadre conventionnel favorisant cette flexibilité du marché de travail, qui permettrait de développer l’employabilité, particulièrement chez les jeunes. L’emploi en Afrique reste sclérosé par une législation rigide, qui favorise une sorte de « fonctionnariat », où le capital humain employé n’évolue pas et ne se forme plus, et où celui qui n’a pas d’emploi ne cherche pas à se reconvertir.

La promotion de l’emploi en Afrique a besoin d’une véritable révolution basée sur une vision novatrice, dans laquelle chacun des acteurs : Gouvernements, Employeurs et Travailleurs, doit jouer pleinement son rôle et être socialement responsable.

De la compétitivité de nos industries, à la flexibilité responsable du marché du travail, nous devons mettre en chantier ces réformes en nous fixant un seul et même objectif : la création d’entreprises où le socle de la pérennité serait le capital humain local.

 

De la même manière, il nous faut prendre conscience que la création de l’emploi n’est pas le seul fait du salariat et ne résorbera pas, à elle seule, le nombre important de chômeurs déjà existants.  Nous devons poser les bases d’un cadre organisé, légal et respectueux des droits sociaux pour l’émergence d’auto-entrepreneurs en Afrique et soutenir la création d’entreprises.

Ces efforts, nous nous efforçons, à la CGEM, d’en être les précurseurs et d’initier une dynamique qui s’étendrait à d’autres pays sur le Continent. C’est ainsi que nous avons lancé, depuis 2007, un label pour la responsabilité sociale de l’entreprise et que nous avons signé avec les syndicats un pacte social pour « une compétitivité durable et un travail décent ». Nous avons également proposé au gouvernement une réforme du Code du travail qui permette une plus grande adéquation de la législation avec les réalités du marché.

 

Toujours dans la même optique, nous sommes partenaires aux côtés du gouvernement, dans une initiative visant la reconversion et l’insertion dans le monde du travail de 25.000 diplômés chômeurs et nous sommes en train de créer une « Académie de l’entrepreneur ».    

Mesdames, Messieurs,

A la CGEM, nous pensons que le secteur privé est le véritable moteur de croissance et de la création d’emplois productifs. Il doit jouir d’un climat des affaires sain et serein devant renforcer son rôle de force de proposition et d’accompagnateur de la structuration des économies nationales.

Nous croyons également fortement au rôle des syndicats des travailleurs avec qui nous devons maintenir un dialogue social durable basé sur la confiance et développer une vision globale bâtie sur le principe que le développement de l’entreprise profite à la création d’emplois

Enfin, nous appelons les Gouvernements africains à remplir pleinement leur rôle de régulateur du marché du travail, d’œuvrer pour l’élaboration de politiques nationales pour l’emploi, et de réunir les conditions nécessaires pour encourager les investissements productifs. 

Avant de conclure, je voudrais souhaiter un franc succès aux travaux de ce sommet pour lequel nous avons eu l’insigne honneur du patronage de Sa majesté le Roi Mohammed VI –que Dieu l’assiste.

Je profite de l’occasion pour remercier nos partenaires : le BIT, l’OIE et Business Africa, pour leur soutien et profite de l’occasion pour réitérer l’appui de la CGEM à soutenir, autant que faire se peut, les travaux de la task force africaine pour l’emploi et l’employabilité, présidée M. Jamal BELAHRACH.

Je suis impatiente de lire et partager les conclusions et recommandations du livre blanc qui en résultera. Une feuille de route dont nous avons tous besoin pour que l’emploi soit au rendez-vous de la croissance.

Je vous remercie de votre attention 

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